SERIE #DIRCOMMCONFINES​
#INTERVIEW2

EPRESSPACK LANCE LA SÉRIE #DIRCOMMCONFINES  

Quelles sont les urgences des directeurs de la communication ? quelles seront leurs priorités et leurs actions de ces prochaines semaines ? à quoi ressemble une journée de dircomm confiné ?... Parce que la crise sanitaire mobilise la fonction communication dans des conditions d’exercice compliquées, Epresspack est allée sonder les professionnels de la communication et du marketing confinés qu’elle accompagne quotidiennement. 

« La communication ne peut pas lutter contre le syndrome de la tartine beurrée »

Leader européen des services énergétiques, Dalkia , filiale d’EDF propose aux villes et aux entreprises, des solutions pour réduire leurs consommations d'énergie et améliorer la performance environnementale et économique de leurs installations.  Le groupe rassemble quelque 17 000 collaborateurs, gère plus de 330 réseaux urbains de chaleur et de froid, les installations de plus de 2 300 sites industriels, plus de 3 400 établissements de santé, plus de 19 900 établissements tertiares et commerciaux et plus de 2 millions de logements collectifs. En 2018, Dalkia affichait un chiffre d'affaires 4,2 milliards d'euros.    


Aujourd’hui  à la tête d’une filière d’une équipe d’environ quarante personnes qui couvrent tous les champs de la communication du groupe DALKIA, Renaud CZARNES a, comme on dit, une carrière bien remplie. Journaliste économique et politique (La Croix, Les Echos) pendant plus de 15 ans, il est nommé, en 2012, conseiller pour la presse et la communication du Premier ministre Jean-Marc Ayraut avant de rejoindre, en 2014, le groupe Dalkia. En parallèle, Renaud Czarnes enseigne, à Sciences Po, les enjeux des relations entre politiques et médias. Il a d’ailleurs publié un Anti-manuel de communication politique en 2019 (éditions Kawa). Sinon, on ne saurait trop vous conseiller, en ces temps confinés, de demander à ce critique musical, sa playlist de jazz ou de vous dédicacer son roman « Un passant ordinaire » (éditions Léo Scheer). 

1/ Si par le plus grand hasard, vous deviez rester confiné de longues semaines, quels seraient les titres que vous (ré)écouteriez ? 

Et bien je ré-écouterais comme je l’ai fait au cours de mes longues soirées,  l’intégralité de formations expérimentales comme Soft Machine ou King Crimson. Maintenant j’entame la réécoute de l’oeuvre de Franck Zappa. Et je profite aussi de ce temps confiné pour publier, chaque week end, des micro-chroniques de musique et de livres sur mon compte twitter @RenaudCzarnès

2/ Sinon, ça ressemble à quoi une journée type de #dircommconfiné ? 

Les 15 premiers jours ont été particulièrement éprouvants. Le temps de transport, qui a fatalement disparu, a été remplacé par les réunions (visio ou conf tel) qui ont pris toute la place et même plus ! C’était éreintant. Depuis la semaine dernière, on respire un peu plus. Je peux rattraper mon retard sur quelques lectures professionnelles, par exemple sur les tendances dans la communication ou les effets de la crise sur nos actions en faveur des changements climatiques. Sinon, je suis confiné à Paris comme beaucoup de gens. 

3/ En quoi la baisse brutale de l’activité économique impacte-t-elle vos activités ? 

Nos clients ont fermé certains sites pour respecter les consignes du gouvernement. Toutefois 6 000 collègues sont en première ligne ou juste derrière ! Certains travaillent dans les milieux hospitaliers pour fournir chauffage, eau chaude, climatisation et ventilation et accomplir tous les travaux de maintenance. D’autres assurent le bon fonctionnement des réseaux de chauffage des logements sociaux ou sont auprès des industriels comme les entreprises de l’agroalimentaire ; autant de services vitaux dans la gestion de la crise. 

4/ Nous en sommes à la 5ème semaine de confinement, pouvez-vous nous dire comment s’est passée la comm de crise chez Dalkia ? 

Comme beaucoup d’entreprises, nous avons rassuré nos clients sur la poursuite de nos activités. Nous avons aussi concentré nos efforts sur la communication interne, en direction de nos collègues sur le terrain, ceux qu’on appelle les « héros de l’ombre ». Nous continuons de leur rendre hommage avec une nouvelle lettre interne, « Dalkia Ensemble », qui recueille  leurs témoignages toutes les semaines. Et ils peuvent être fiers de ce qu’ils accomplissent. 

5/ Comment envisagez-vous la suite ? 

Nous avons maintenu la plupart de nos projets. Nous avons même lancé un appel d’offre pour mener une enquête d’image auprès de toutes nos parties prenantes et même du grand public. Seuls nos événements jusqu’à fin juillet ont été annulés ou reportés. Dans les jours à venir, nous réinvestirons progressivement nos réseaux sociaux pour défendre la marque employeur et poursuivre notre communication pédagogique sur notre métier, c’est-à-dire la valorisation des énergies renouvelables des territoires et la réduction des émissions de C02 de nos clients. Nous sommes restés très mesurés en com externe toutes ces semaines et nous le resterons. Nous sommes au service de nos clients et pas l’inverse.

6/ Quels sont les enseignements que vous tirez de cette crise hors-norme ? 

Cette crise est inédite, en ce qui concerne la communication, elle nous ramène à l’essentiel : le contenu. En termes journalistique, on appelle cela l’information ou les « faits ». Il faut s’en éloigner le moins possible. Nous vivons une époque où, particulièrement sur les réseaux sociaux, des gens, qui n’ont rien à dire, sulfatent la terre entière de leurs commentaires ou de leurs avis. D’autres, sciemment ou inconsciemment, propagent des « fakes news », qui alimentent les théories du complot.... L’objectif est toujours de désigner un coupable. Dans ce contexte, le communicant, en particulier le communicant en politique, fait du « mieux possible », ce qui revient souvent à faire « le moins mal possible ». « Faire bien» est souvent hors d’atteinte. On ne peut pas lutter contre le « syndrome de la tartine beurrée » : vos opposants la beurrent des deux côtés de sorte que, quoi que vous fassiez, elle retombera du mauvais côté !