#INTERVIEW15 de la SERIE #DIRCOMM(RE)CONFINES


 
C’est l’#interview15 de la SERIE #DIRCOMM(RE)CONFINES qui continue, à la rencontre des professionnels de la communication et du marketing qui naviguent dans le contexte économique et social incertain et imprévisible qui est le nôtre.
 
Directrice de la communication et de l’information de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) depuis 2016 et membre du comité exécutif, Rose-Marie Tunier, 47 ans, diplômée de l’IUP Information et Communication de l’Université de Rennes , a passé une grande partie sa carrière en agences de communication. S’enrichir de multiples sujets, appréhender les marques et les clients, croiser les problématiques… que ce soit chez Havas Paris, Edelman ou Lowe Strateus, Rose-Marie a déployé des campagnes de relations presse, de relations publiques ainsi que des programmes d’affaires publiques et de gestion de crise pour des marques et des entreprises comme Carrefour, McDonald’s, Danone, FDJ ainsi que des acteurs institutionnels, comme la Sécurité routière ou le Ministère du travail. Aujourd’hui, c’est un autre acteur public qu’elle accompagne, l’ANSM, qui autorise les médicaments et les produits de santé, assure leur disponibilité, garantit la sécurité des produits tout au long de leur vie et pour qui la communication fait partie intégrante de la mission. Une mission sous haute tension donc, avec l’aide d’une équipe de 25 experts.
 
Faire la police du médicament en termes de communication, ça se traduit comment ?  
 
C’est toujours être en gestion de risques, anticiper et travailler en système ouvert de dialogue et de concertation avec les parties prenantes. L’ANSM est un service public exposé et sollicité qui prend plus de 80 000 décisions par an, dont la plupart concernent les médicaments ou produits de santé. Les enjeux de communication et d’information sont cruciaux pour faire connaitre nos missions et expliquer au plus grand nombre les décisions mais aussi la façon dont elles ont été construites et la manière dont elles sont prises. Nous avançons en permanence en collégialité et en interactions avec les associations de patients, médecins, pharmaciens, scientifiques … et à l’écoute de notre environnement. Il n’est pas rare par exemple que nous organisions, avant même de prendre une décision, des auditions publiques, qui retransmises en direct réunissent patients professionnels et experts de santé. Nous faisons également appel à des contributions extérieures au monde scientifique, comme des sociologues ou des philosophes parce que l’ANSM est une agence qui se doit de comprendre le monde et les enjeux de société dans lesquels elle évolue et vit en constant questionnement.
 
Vous en êtes où coté transformation digitale ?
 
Notre investissement sur les médias sociaux est relativement nouveau. Depuis 3 ans environ, les réseaux nous permettent d’identifier les leaders d’opinion, les groupes de patients…  sensibles à nos décisions, d’élargir notre audience et sont aussi des canaux de diffusion pour nos informations. Nos comptes Twitter et Linkedin attirent d’ailleurs des publics de plus en plus nombreux ; + 30% de followers sur Twitter et + 60% abonnés LinkedIn cette année. On a également repensé, avec l’aide des parties prenantes, notre site internet. Plus moderne, plus vivant, accessible et pratique, il parlera à tous les publics, à la fois des médicaments et des produits de santé et de leur bon usage. . Et puis on travaille de plus en plus avec les médias traditionnels. Chaque année, les retombées progressent sur des sujets aussi divers que la dépendance aux antalgiques ou le cannabis à usage médical dont l’expérimentation commencera en 2021. Notre relation aux médias est là encore dynamique, proactive, et pédagogique.
 
Un défaut d’informations et des vies peuvent être mises en danger. Ça rend votre quotidien moins léger ?
 
Les médicaments ne sont effectivement pas des produits comme les autres et ils génèrent énormément de discussions, de débats et d’émotions. Etre attentive, écouter, expliquer, convaincre, c’est mon quotidien depuis 4 ans. C’est un job passionnant et aussi très engageant au regard des enjeux de santé, eux-mêmes au cœur des enjeux de société. Je considère déjà que le métier de communiquant est engageant, mais l’exercer pour le service public dont la vocation est la sécurité des patients, nous donne une responsabilité particulière. Il faut rester très attentif à nos actes, à la portée de nos actes et de nos décisions. C’est un point majeur qu’on intègre dans notre manière de travailler tous les jours.
 
La comm par temps de covid, ca ressemble à quoi ? Et quid de la Saison 2 ?
 
La communication autour du Covid-19 est principalement portée par le Ministère de la santé, mais nous y contribuons et notre expérience de la gestion des risques nous aide beaucoup. Nous avons partagé un grand nombre d’informations et fait preuve de pédagogie sur le fonctionnement de la pharmacovigilance, les essais cliniques, l’approvisionnement des médicaments ou les dispositifs médicaux innovants. Notre site web a d’ailleurs été mis à forte contribution, nos relations avec les médias aussi. Aujourd’hui, à l’ANSM, nous ne sommes pas en comm de crise à proprement parler comme lors du premier confinement. On travaille sur les questions à haute tension du COVID, mais enrichis par l’expérience et le recul de la première période Les vaccins et leur arrivée en France en 2021 vont bien sûr occuper toute notre attention, sans négliger les autres sujets urgents.
 
Comment fait-on pour informer le grand public sans être anxiogène ?
 
On prépare le terrain, on évalue les risques et on discute avec nos parties prenantes en mettant chaque fois en regard les patients et les professionnels de santé. On est très attentifs à ce que les messages soient les plus simples possible et les plus pédagogiques. Plus on explique les choses, plus on anticipe, moins on sera anxiogène.
 
L’ANSM, la DGS, les ARS, la HAS, le ministère de la santé… beaucoup d’acteurs et donc beaucoup de messages sur un sujet sensible. Trop de messages tuent les messages ?
 
La France a créé de nombreux acteurs – DGS, HAS, ARS…- dans le domaine de la santé publique avec des missions spécifiques et complémentaires et il est vrai que pour les Français, cela ne doit pas toujours être lisible tous les jours. Chaque acteur est un élément du tout et nous pouvons communiquer de façon conjointe et en synergie sur des sujets transversaux. 
 
Le Covid, le Mediator, la Depakine…Y a-t-il  un dénominateur commun entre toutes ces crises santé ?

Les situations sont toutes différentes mais elles ont pour dénominateur commun, le patient. Les attentes de la société évoluent et on note un besoin toujours plus grand d’informations, de dialogues et on doit s’adapter. En tant qu’autorité sanitaire, nous devons savoir écouter aussi les émotions qu’elles génèrent.
 
L’apparition des figures médicales sur les plateaux de télévision, de leurs confrontations voire des querelles de chapelle, ca vous inspire quoi ?
 
Les Français ont soif de comprendre dans ce contexte inédit et les multiples débats scientifiques avec leurs confrontations de points de vue ont pu être utiles tout en étant aussi une source de confusion pour les Français.
 
 
 
A propos de ANSM
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est l’acteur public qui, au nom de l’Etat, permet l’accès aux produits de santé et assure leur sécurité tout au long de leur cycle de vie. Elle favorise l’accès à des produits innovants au travers de procédures d’autorisation adaptées à chaque stade de la vie du médicament avant et après sa mise sur le marché. Au travers de son évaluation, de son expertise et de sa politique de surveillance, elle fait en sorte que les produits de santé disponibles en France soient sûrs, efficaces, accessibles et bien utilisés. L’ANSM agit au service des patients et de leur sécurité, aux côtés des professionnels de santé et en concertation avec leurs représentants respectifs.