Article - Mai 2022
Parce que le numérique occupe une place prépondérante dans notre société, il lui incombe de grandes responsabilités. Parmi elles, il y a celle de l’accessibilité qui permet à tous les publics d’accéder, sans discrimination, à l’information pour jouir pleinement de leurs droits et libertés. Autant dire qu’il s’agit d’un enjeu de citoyenneté et de justice sociale majeur quand 12M de personnes sont en situation de handicap en France (daltonisme, troubles DYS ou auditifs, malvoyance, troubles de santé...) dont près de 2M de déficients visuels, sans oublier les handicaps temporaires et les seniors qui se heurtent quotidiennement à une réalité alarmante : 90 % des sites Internet sont inaccessibles.
Ça, c’est pour les textes. Mais dans la vraie vie, peu d’entreprises appliquent la loi sur le Handicap de 2005. L’absence de sanctions contraignantes, de contrôles et de suivis n’y est pas étrangère quand le gouvernement français lui-même révise régulièrement à la baisse ses ambitions. Ce manque de volonté politique, qui a explosé avec l‘accélération de la transformation numérique imposée par la crise sanitaire, beaucoup le regrettent comme Sylvain Nivard, président de l’association Valentin Haüy et vice-président de la CFPSAA, confédération qui regroupe les principales associations de déficients visuels : « Les pouvoirs publics n’ont toujours pas pris la mesure de l’enjeu, malgré plusieurs années de sensibilisation. Les entreprises seront très probablement plus efficaces, pour adopter, chacune à leur niveau, des outils responsables. »
Dans ce paysage encore en demi-teinte, Il y a clairement les entreprises en infraction mais il y a aussi toutes les autres, nombreuses, à se déclarer responsables, engagées, inclusives, à mission… et qui pourtant négligent, dès le premier clic, les publics à handicap. Chez Epresspack, qui gère les vitrines de contenus de plus de 300 grandes entreprises, le constat est sans appel : seules 4 ou 5 entreprises appliquent le RGAA comme EDF, Accor ou le Ministère de l’économie et des finances. « Les entreprises nous sollicitent très rarement spontanément sur l’accessibilité numérique de leur plateforme de contenus. » regrette Philippe Trinh, Head of Customer Success. « Il semblerait même que la loi demeure méconnue des directions de communication qui n’en mesurent pas non plus les bénéfices ne serait-ce qu’en termes d’image ! »
Modalité, coûts… Comment passer en mode RGAA ?
Le tout pour obtenir la note maximale délivrée par un auditeur indépendant, extérieur aux développements, qu’il vous faudra choisir. Ce dernier n’est pas obligatoire dans le processus mais il est fortement recommandé par la Direction Interministérielle du numérique (DINUM). Il validera votre site et newsroom avant leur mise en ligne et délivrera une certification sous la forme d’une déclaration légale d’accessibilité affichée sur votre site. « Il revient à l’entreprise de définir le niveau d’accessibilité souhaité, généralement entre 80% et 100%, sachant que l’objectif est toujours de viser les 100% le plus rapidement possible. » explique Antoine Bouet, auditeur en accessibilité numérique (AccessProd). « L’audit du support numérique existant est la première étape de la démarche. Il permet d’évaluer son niveau d’accessibilité et de planifier les tâches à effectuer quand l’audit de contrôle, lui, ponctue la mission. »
Audience, référencement, réputation… les bénéfices sont nombreux !
Enfin, il faut parler de réputation. L’accessibilité numérique n’est-elle pas le lieu où commence la somme des engagements sociétaux ? N’est-elle pas ce petit détail qui révèle les vrais engagements et trahit les « raisons d’être » de façade ? A l’heure où le digital est consubstantiel à la vie des citoyens et intrinsèque à l’image des entreprises, commencez par le commencement : adoptez le RGAA ! Votre politique de RSE n’en sera que plus crédible ensuite.